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Les émissions de méthane ignorées malgré la menace climatique

L'extraction de pétrole brut représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre, dont le méthane.
© Unsplash/Francesco Boncompagn
L'extraction de pétrole brut représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre, dont le méthane.

Les émissions de méthane ignorées malgré la menace climatique

Climat et environnement

Le méthane est un gaz à effet de serre puissant, avec un impact sur le climat bien supérieur à celui du dioxyde de carbone. Et pourtant, les entreprises et les gouvernements ne donnent suite qu'à seulement 12% des alertes de fuites de méthane, alors que le suivi par satellite des Nations Unies a considérablement amélioré leur détection. 

Le potentiel de réchauffement du méthane est 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone sur une période de 20 ans. Les émissions proviennent majoritairement du bétail, des énergies fossiles ou de la gestion des déchets.

La réduction de ses émissions aurait d’immenses effets bénéfiques, rapides et tangibles, sur le climat. Selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), réduire de moitié les émissions d'origine humaine est l'un des moyens les plus efficaces de ralentir le changement climatique à court terme.

Les émissions de méthane proviennent majoritairement du bétail.
Unsplash/Jo-Anne McArthur
Les émissions de méthane proviennent majoritairement du bétail.

Inverser la tendance des émissions

En 2022, le PNUE a lancé un système de suivi par satellite pour détecter les fuites accidentelles de méthane dans les secteurs pétrolier et gazier.

Connu sous le nom de MARS (Methane Alert and Response System), ce système fournit gratuitement des informations précises sur les émissions de méthane qui sont inodores, invisibles et donc difficiles à détecter, afin que les entreprises et les autorités nationales puissent prendre des mesures.

« La réduction des émissions de méthane peut rapidement infléchir la courbe du réchauffement climatique, ce qui laisse plus de temps pour les efforts de décarbonisation à long terme », déclare Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE.

« Mais les progrès importants réalisés en matière de reporting doivent se traduire par des réductions concrètes », ajoute-t-elle.

Des progrès visibles mais insuffisants

Grâce au système MARS, le PNUE a envoyé plus de 3.500 alertes concernant des émissions majeures dans 33 pays. Ces alertes sont basées sur la surveillance par satellite et des analyses basées sur l'intelligence artificielle.

Selon la dernière édition de la publication de l'Observatoire international du méthane du PNUE (IMEO) publiée mercredi, le nombre d'alertes ayant donné lieu à des mesures est passé de 1% à 12 % au cours de l'année dernière. L'IMEO a également recensé 25 cas de mesures d'atténuation dans dix pays depuis le lancement du système en 2022, dont six nouveaux pays l'année dernière.

Mais avec près de 90 % des alertes MARS ignorées, les gouvernements et les entreprises doivent accroître leurs taux de réponse. Des mesures supplémentaires sont donc nécessaires pour atteindre l'objectif de réduction d'un tiers des émissions de méthane d'ici 2030.

Une réponse ferme

En réponse aux nombreuses alertes ignorées, Mme Anderson a exhorté toutes les entreprises du secteur à rejoindre le Partenariat pour le méthane issu du pétrole et du gaz 2.0. Ce programme est fondamental pour réglementer le plus grand marché d'achat de pétrole et de gaz au monde, à savoir l'Union européenne.

Le système MARS continue de tourner en plein régime, en étant actuellement étendu aux émissions de méthane provenant des mines de charbon et des sites de déchets, où les mesures étaient jusqu'à présent rares. Le PNUE intensifie également la détection des émissions provenant de l'industrie sidérurgique, qui repose encore principalement sur le charbon.

Dans son rapport, l'agence onusienne note que des solutions peu coûteuses pour réduire les émissions de méthane provenant du charbon utilisé dans la sidérurgie existent, mais qu'elles restent largement négligées dans les efforts de décarbonisation de l'industrie.