Virgile

Le temps emporte tout, l'esprit comme le reste.

�n�e se tenait droit, resplendissant dans une claire lumi�re ;
il avait le visage et les �paules d'un dieu ; car sa m�re elle-m�me
d'un souffle avait donn� � son fils une chevelure magnifique,
l'�clat vermeil de la jeunesse et des yeux p�tillants de charme :
ainsi des mains artistes rehaussent la beaut� de l'ivoire,
ou parent d'or fauve l'argent ou le marbre de Paros.

Alors il s'adressa � la reine et, soudain, � la surprise g�n�rale,
il dit ainsi : � Je suis ici devant vous, celui que vous cherchez,
le Troyen �n�e, arrach� aux ondes libyennes.
� toi, tu es la seule � t'�tre apitoy�e sur les �preuves indicibles de Troie,
et nous, restes �chapp�s aux Danaens, qui sur terre et sur mer
avons d�j� �puis� tous les malheurs, et sommes totalement d�munis,
tu nous associes � ta cit�, � ta maison ; te remercier dignement,
� Didon, est impossible pour nous comme pour les quelques survivants
de la nation dardanienne diss�min�s un peu partout par le vaste monde.
Si des divinit�s prennent en compte la pi�t� des hommes,
s'il existe quelque part une justice et la conscience de la droiture
que les dieux t'accordent des r�compenses dignes de toi. Quels si�cles heureux
t'ont vue na�tre ? Quels parents si grands ont engendr� une fille telle que toi ?
Tant que les fleuves courront vers la mer, tant que dans les montagnes
les ombres parcourront les vall�es, tant que le ciel nourrira les �toiles,
toujours subsisteront et ta gloire et ton nom et tes louanges,
o� que je sois appel� sur la terre �.

On se lasse de tout sauf de comprendre .

On se lasse de tout except� d�apprendre.

L�, dans un antre vaste, le roi Eole maitrise les vents tumultueux et les bruyantes temp�tes, et les tient � l'attache, prisonniers. Eux, indign�s, avec un mugissement qui remplit la montagne, se pressent en fr�missant aux cl�tures de l'enceinte. Assis au sommet du rocher, Eole, son sceptre en main, adoucit leur humeur et mod�re leur courroux. Sans lui, les vents emporteraient certainement dans leur course les mers, les terres, et la vo�te du ciel, et les balaieraient dans les airs.

Il y a des larmes pour le malheur et les choses mortelles atteignent l'�me.

Le loup se moque bien du nombre des moutons.

Je tente d'apercevoir ce qui se passe � gauche... Au pied d'un rocher, il y a un grand palais gard� par un triple mur, entour� d'un fleuve charriant d'�normes rocs dans un vacarme fracassant. Une tour de fer se dresse dans les airs avec une porte gigantesque pour en fermer l'entr�e. C'est l� que Tisiphone, une des trois Furies, serr�e dans sa robe ensanglant�e, punit les coupables sans jamais s'arr�ter. On entend derri�re la porte des g�missements, des coups de fouet, le grincement de cha�nes que l'on tra�ne. Tous ces bruits me terrorisent.

Face � la passion, la raison se soumet.

Avec ces paroles, elle alluma dans l'�me de sa s�ur un incendie amoureux, donna de l'espoir � son incertitude et la d�lia de son honneur.