Le parasite Plasmodium vivax est bien présent à Atar, certifie une étude 1 dirigée par Ali Ould Mohamed Salem Boukhary, responsable de la JEAI RI3M 2 . Dû à un parasite du genre Plasmodium propagé par la piqûre de moustiques anophèles, et se manifestant notamment par des épisodes aigus de fièvre, le paludisme tue près de 500 000 personnes chaque année dans le monde, dont 90% en Afrique. Apparu à Nouakchott, à la fin des années 1990, ce fléau est un problème de santé majeur en Mauritanie. Pourtant, il existait jusqu’ici peu de données sur sa possible présence au nord du pays, notamment à Atar, à 440 km au nord-est de la capitale, dans la vaste wilaya de l’Adrar mauritanien.« Quelques cas suspects avaient été signalés dans cette oasis dès le début des années 2010. Mais cela n’avait été confirmé par aucune étude rigoureuse », précise le biologiste moléculaire.
P.vivax , responsable de 74 % des cas de paludisme
Pour combler ce manque, entre mars 2015 et décembre 2016, les chercheurs ont recruté 453 patients de l’hôpital d’Atar présentant de la fièvre ou des antécédents de fièvre. Tous ont alors bénéficié d’un diagnostic rapide sur place et d’un traitement approprié. Puis le recours à la PCR?De l’anglais polymerase chain reaction, « réaction en chaîne par polymérase ». Cette technique consiste à dupliquer en grand nombre le matériel génétique des parasites détectés dans le sang pour identifier précisément l’espèce. , en laboratoire, a permis de confirmer le diagnostic de paludisme. « C’est la seule technique qui permette de distinguer et détecter rigoureusement P. vivax, parmi les cinq espèces de Plasmodium. Les plus courantes étant P. falciparum et P. vivax », souligne Ali Ould Mohamed Salem Boukhary. Au final, 162 patients se sont avérés infectés : 120 (74,1 %) l’étaient par P.vivax , 4 (2,5 %) par P. falciparum et 38 (23,4 %), par les deux espèces.
Or, le traitement antipaludique préconisé à ce jour en Mauritanie est l’artésunate-amodiaquine ou l’artéméther-luméfantrine. Malheureusement, si elles sont efficaces contre P.falciparum , « c es thérapies sont impuissantes à tuer une forme particulière de P. vivax, appelée hypnozoïte, qui peut vivre endormie dans le foie pendant des années », explique Leonardo Basco, parasitologue et correspondant IRD de la JEAI, qui a participé à l’étude. Conséquence, cette forme “latente” peut relancer à tout moment la maladie sans que le patient ne soit piqué de nouveau par un moustique.